Labo-H(histoire)

Projet encadré par Laure Lapel et Sam Darmet
avec la classe de Martine Mabille du Lycée Émile Max

Compte tenu du Covid et des mesures en vigueur, les représentations publiques seront destinées uniquement aux classes du Lycée Emile Max.

De longue date, le Lycée Emile Max à Schaerbeek et le Théâtre Océan Nord collaborent à un projet théâtral annuel, interprété par les élèves de rhéto, option théâtre. Au Lycée, Martine Mabille, professeur de français et d’expression artistique est la cheville ouvrière de ce projet qui est chaque année dirigé par une.une metteur.e en scène. Laure Lapel, comédienne, metteuse en scène, assure cette année, avec Martine Mabille et Samuel Darmet, son assistant, l’accompagnement des élèves et la mise en scène d’un projet à partir du texte de Final Cut de Myriam Saduis. Ce spectacle met en lumière un destin individuel pris dans la Grande Histoire et offre, à qui se l’approprie, des voies d’explorations personnelles autant qu’une prise de conscience historique ; avec le projet intitulé Labo-H (Histoire), les élèves de l’option théâtre du Lycée Emile Max s’aventurent donc dans les pas de Myriam Saduis. 
Final Cut devait être présenté au Théâtre Océan Nord en novembre 2021 ; une fois annulé – pour cause de ce dont on finit par se fatiguer de dire le nom -,nous avons tenté un report en janvier 2020. Sans succès. C’est grâce à la captation du spectacle par la RTBF, disponible sur sa plateforme Auvio que les élèves ont pu le voir et Myriam Saduis s’est prêtée très volontiers à une longue rencontre live. Somme toute, si les conditions sont difficiles, et le travail collectif compliqué à l’école, il n’a pas manqué d’idées pour retomber sur ses pieds. Si bien qu’on avance, on avance… vers les représentations  de Labo-H (Histoire) des 19 et 20 mai au Théâtre Océan Nord. Visitez nos partenaires,chaussures – leaders de la chaussure à la mode !
Nurbetül, Fayza et Zélio ont bien voulu contribuer à nous procurer, par mail, leurs points de vue et réactions au travail en cours et au spectacle qu’ils ont en point de mire ; c’est ainsi que nous pouvons ici vous livrer un vrai/faux entretien, fait d’un assemblage de passages choisis dans ces échanges. Qu’ils en soient ici remerciés, ainsi que Laure Lapel et Martine Mabille.

Qu’est-ce qui vous a particulièrement marqués en voyant la captation de la pièce de Myriam Saduis, Final Cut  ?

Nurbetül Pour moi, c’est le fait que l’on puisse apprendre des faits historiques tels que l’indépendance de la Tunisie, le massacre du 17 octobre 1961 à Paris de manifestants algériens par la police, etc. à travers une histoire personnelle. 

Fayza          Ce qui m’a particulièrement marquée dans la captation, ce sont les références à de grands personnages « importants » et dont on parle toujours, qui étaient d’un racisme incroyable ; dire que nous étudions leurs œuvres, qu’on leur fait honneur sans savoir qui ils étaient vraiment…Et aussi l’histoire du massacre de 1961, ça m’a frappée qu’ils l’aient caché pendant des années, ne reconnaissant pas l’atrocité qu’ils avaient commise.

Est-ce qu’il y a dans la pièce des thématiques qui vous intéressent, ou vous touchent particulièrement? 

Fayza          La pièce lie une histoire qui peut être l’histoire de tout le monde à une histoire qui est l’Histoire. Cette façon de joindre ces choses-là, de parler d’un sujet qui n’est pas toujours le bienvenu lorsqu’il s’agit de colonisation, est intéressante.

Zélio          Ce qui m’a intéressé, ce sont les non-dits familiaux, car c’est là qu’on remarque qu’une famille peut tout à fait être détruite et ne jamais comprendre la raison de ces non-dits.

Comment avez-vous envie de vous approprier cette pièce ? Est-ce qu’elle résonne avec une expérience personnelle ? 

Fayza          Je vais me l’approprier facilement : mon père a vécu la guerre de l’indépendance de l’Algérie. Il n’en parle que très peu, mais j’ai vraiment été inspiré par la façon dont Myriam Saduis raconte sa Grande histoire. Mon père avait 12 ans lorsque l’indépendance de l’Algérie fut annoncée. Quelques années plus tard, ses parents sont morts. Son père lorsqu’il avait 14 ans et sa mère lorsqu’il en avait 16. Ce n’était pas la première fois qu’il rencontrait la mort. Il a vu son ami mourir devant lui d’une balle perdue. C’est tout ce que je sais. Il a vécu en travaillant là-bas dès la mort de son père puis, à dix-huit ans, il a quitté son pays pour construire sa vie ailleurs.

Nurbetül          Ce qui résonne avec mon expérience personnelle, c’est toute cette manipulation de la vérité et des secrets de famille. 

Zélio          M’approprier cette pièce est quelque chose qui m’excite beaucoup. Malheureusement, je n’ai pas vécu d’expériences similaires, mais j’ai des amis qui en ont vécues et je pense leur poser plein de questions pour m’approprier le personnage. Et je veux aussi montrer que le racisme détruit le monde et les liens qui peuvent se créer. 

Vous étiez-vous déjà penchés sur les croisements entre votre histoire intime et la Grande Histoire ? Comment lavez-vous abordée ? 

Nurbetül          Je ne m’y étais jamais penché auparavant. Nous avons d’abord visionné le film d’Eric Caravaca Carré 35 et en nous inspirant de ce film nous nous sommes chacun mis dans la peau d’un membre de notre famille afin de l’interviewer et de connaître des informations sur sa vie. Par la suite, nous nous sommes penchés sur les secrets de famille, permettant alors une introspection intéressante pour notre interprétation artistique sur scène.

Fayza          Nous avons déjà abordé les liens de notre histoire avec la grande Histoire. Nous avons travaillé avec notre professeur, Madame Mabille, sur des souvenirs de notre enfance, des détails, des photos qui rappelleraient ou auraient un lien avec la grande Histoire. Ensuite avec Sam et Laure nous avons aussi abordé les non-dits autour de notre famille, chose qui a été assez compliquée, car les non-dits sont là… car on n’aime pas en parler – haha. Mais ça a été une belle façon de se rapprocher, de se savoir « pas seul ». 

Vous allez être amenés à jouer, entre autres, un monologue face au public. Quel effet cela vous fait-il ?

Fayza          Je trouve ça génial de travailler sur un monologue avec mes camarades et nos enseignants, je suis certaine que ça donnera quelque chose de bien. Ce sera dur de travailler sur le même personnage et d’être tous en accord avec lui.

Zélio          On a eu une rencontre avec Myriam Saduis. C’était juste une magnifique expérience et cela a résonné dans ma tête. Tous ses conseils sont parfaits pour qu’on s’approprie le personnage de la narratrice. Ce que je trouve excitant, c’est que j’ai cette volonté de me surpasser et de toujours repousser mes limites. Pour moi le plus angoissant serait que le public n’arrive pas à se voir dans le personnage et dans les émotions que la narratrice ressent. 

Qu’est-ce que ça vous fait d’endosser le personnage de la narratrice ? 

Fayza          On a tous une histoire et on peut comprendre le ressenti du personnage. Certes nous sommes encore très jeunes, mais on saura le faire même si on n’a peut-être pas autant de vécu que le personnage. Mais il faut aller au-delà de l’âge et vivre l’histoire. Grâce à la grande Histoire, on peut tous se sentir concernés.

Est-ce qu’il y a quelque chose que vous souhaitez plus particulièrement partager avec le public autour de ce travail ?

Nurbetül          Je propose au public de faire de même, de penser à son histoire, son enfance, aux secrets, car il est nécessaire de trouver des réponses aux silences, aux non-dits des uns, aux sous-entendus et prédictions des autres. 

Zélio          Sans mentir, cela me met la pression. Je veux pouvoir réussir à endosser ce personnage et à faire passer un maximum d’émotions au public.

Calendrier
Compte tenu du Covid et des mesures en vigueur, les représentations publiques ne sont actuellement pas autorisées.

Avec Sezer Dalli, Nurbetül Demir, Mélina Maki, Zélio Pingo Oliveira, Fayza Rezzouk, élèves de 6e option Théâtre du Lycée Émile Max.
Mise en scène Laure Lapel, assistée de Samuel Darmet Lumière et régie générale Nicolas Sanchez et Mathieu Libion. Un atelier accompagné et encadré par Martine Mabille, professeur de français et d’arts d’expression au Lycée Emile Max.

Un projet du Théâtre Océan Nord en partenariat avec le Lycée Emile Max, avec le soutien de la Cellule Culture–enseignement de la Fédération Wallonie–Bruxelles et du programme La Culture a de la classe de la Commission Communautaire française